Différences entre versions de « Traduire l'invisible (2) »

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Dans la version hongroise, nous trouvons deux solutions pour traduire ce pronom ; le traducteur propose d'abord la troisième personne, ensuite le pronom indéfini « valaki [quelqu'un] ». En hongrois bien sûr, le traducteur ne peut pas se permettre de songer à l'usage d'une construction impersonnelle qui serait sans doute possible dans le cas d'autres langues (en anglais ou en espagnol par exemple). Cette solution de l'impersonnel ferait pourtant entrer le texte hongrois dans le jeu de la dualité : l'absence du pronom serait le reflet d'absence mentale et en même temps le reflet de l'absence matérielle de l'être animé mais invisible. Par cette difficulté, le récit en hongrois perd de l'ambiguïté mais il garde cependant l'incertitude.
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<nowiki>Mais la tâche du traducteur qui tente d'analyser le récit de Maupassant pour pouvoir en comprendre les traits caractéristiques, devient encore plus difficile. Dans la deuxième partie du récit, le narrateur est déjà sûr de l'existence de l'être invisible et il réussit à le définir par un nom. Nous passons de l'absence de référence à l'excès de référence du nom Horla. Ici la traduction se complique parce qu'il ne peut plus se référer à cet être par un pronom indéfini ou impersonnel. Il ne s'agit plus de respecter l'indéfinition mais de transmettre cette surcharge de définition, ce résumé du phénomène fantastique qui n'est plus le double intérieur (« on ») mais un être extérieur qui hante le narrateur afin de devenir son double. Pour que la réalité puisse se décomposer, le texte reste rigoureusement composé et doit être rigoureusement traduit. A présent, il faudrait donc traduire Horla par la notion d'une nature presque parfaite : a Láthatalan [l'Invisible], a Másik [l'Autre], ou « az új természetfeletti faj [la nouvelle race surnaturelle] », qu'on ne peut ni connaître, ni toucher, ni voir, que le narrateur de Maupassant baptise le Horla. Ce nom rempli de connotations phonétiques et sémantiques aurait-il la même dimension pour le traducteur et pour le lecteur hongrois ? Certainement pas puisque le traducteur hongrois n'en a même pas tenté la traduction.</nowiki>
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Version actuelle datée du 1 novembre 2019 à 11:52

Anikó Ádám : Traduire l'invisible

Dans la version hongroise, nous trouvons deux solutions pour traduire ce pronom ; le traducteur propose d'abord la troisième personne, ensuite le pronom indéfini « valaki [quelqu'un] ». En hongrois bien sûr, le traducteur ne peut pas se permettre de songer à l'usage d'une construction impersonnelle qui serait sans doute possible dans le cas d'autres langues (en anglais ou en espagnol par exemple). Cette solution de l'impersonnel ferait pourtant entrer le texte hongrois dans le jeu de la dualité : l'absence du pronom serait le reflet d'absence mentale et en même temps le reflet de l'absence matérielle de l'être animé mais invisible. Par cette difficulté, le récit en hongrois perd de l'ambiguïté mais il garde cependant l'incertitude.

Mais la tâche du traducteur qui tente d'analyser le récit de Maupassant pour pouvoir en comprendre les traits caractéristiques, devient encore plus difficile. Dans la deuxième partie du récit, le narrateur est déjà sûr de l'existence de l'être invisible et il réussit à le définir par un nom. Nous passons de l'absence de référence à l'excès de référence du nom Horla. Ici la traduction se complique parce qu'il ne peut plus se référer à cet être par un pronom indéfini ou impersonnel. Il ne s'agit plus de respecter l'indéfinition mais de transmettre cette surcharge de définition, ce résumé du phénomène fantastique qui n'est plus le double intérieur (« on ») mais un être extérieur qui hante le narrateur afin de devenir son double. Pour que la réalité puisse se décomposer, le texte reste rigoureusement composé et doit être rigoureusement traduit. A présent, il faudrait donc traduire Horla par la notion d'une nature presque parfaite : a Láthatalan [l'Invisible], a Másik [l'Autre], ou « az új természetfeletti faj [la nouvelle race surnaturelle] », qu'on ne peut ni connaître, ni toucher, ni voir, que le narrateur de Maupassant baptise le Horla. Ce nom rempli de connotations phonétiques et sémantiques aurait-il la même dimension pour le traducteur et pour le lecteur hongrois ? Certainement pas puisque le traducteur hongrois n'en a même pas tenté la traduction.

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